Olivier, mathématiques et stratégie
10ans | 8 juillet 2009Olivier, pouvez-vous vous présenter ?
Olivier Lamy 45 ans, marié 4 enfants.
Ma formation : Polytechnique, Agrégation de Mathématiques, Ingénieur Géographe
Parcours : Institut Géographique National, Crédit Lyonnais, Banque Cortal, Mediapost puis Geocible.
Geocible est une société spécialisée en géomarketing que j’ai fondée en 1997. Basée à Saint-Maurice (Val-de-Marne), elle comprend 12 personnes et fait un chiffre d’affaires de 1 million d’euros. La société travaille essentiellement avec des grands comptes : banque, assurance, grande distribution, télécom, santé humaine, santé animale, … Nous sommes une équipe de techniciens de la cartographie et des statistiques. Depuis deux ans nous faisons également beaucoup de webmapping. Nous sommes le plus open-source possible car nous pensons que ce qui est gratuit est moins cher. Nous sommes en phase de fort développement, marqué par de nouvelles embauches, notamment celle, toute récente, de notre Directrice Commerciale.
Par ailleurs, nous développons une filiale à Casablanca au Maroc.
[1] ndlr : http://www.geocible.com>
Quel est votre violon d’Ingres ?
Vous savez, mon métier est mon principal hobby, et je n’ai pas le temps de faire grand chose d’autre. Je fais tout de même des jeux logiques de type « logigrammes » qui sont publiés dans des revues d’énigmes.
Quelles sont les évolutions notables de votre activité ces N dernières années ?
N = 14
Depuis que je suis dans le géomarketing, on me dit « le géomarketing, c’est nouveau, c’est à la mode », et cela fait 20 ans que ça dure !
On n’arrête pas de me dire « les grands comptes ont fini par comprendre ce qu’est le géomarketing » et sont demandeurs. Je ne les trouve ni plus ni moins demandeurs qu’avant. Le géomarketing est quelque chose de très utile, mais compliqué à expliquer. Donc toujours aussi difficile à vendre.
Comme nouveauté, c’est un lieu commun de dire que le prix de la donnée a baissé. Ce n’est pas propre au géomarketing, mais c’est très important. Par exemple l’IGN est passé de 100 000 Francs sur la base GéoFLA il y a 15 ans à 1 200 € aujourd’hui. Ça reste encore 30 fois trop cher, mais voilà une belle évolution des prix ! Trop lente, beaucoup plus tardive que chez nos voisins, issue de politiques marketing incohérentes, mais globalement c’est une baisse remarquable.
C’est aussi un lieu commun de parler de l’augmentation de puissance des SIG. Mais cela a avantagé toute la géomatique, donc le géomarketing.
Autres nouveautés fondamentales : le coup de massue apporté par Google, et puis tout le Webmapping et l’OpenSource. Ça c’est de la nouveauté vraie !
D’après vous, vers quelles directions se situe l’avenir du géomarketing ?
A mon avis ce qui peut lui arriver de mieux est qu’il se banalise au même titre que le papier et le crayon. Il est difficile de travailler sans papier, il devrait être difficile de réfléchir sans carte. L’avenir du géomarketing, c’est de disparaître dans le bon sens du terme. Au sens que cela devienne banal … et facile. Mais nous n’en sommes pas encore là, nous en sommes même loin ! Pourtant le webmapping mène vers cela : on cherche des choses moins compliquées, de l’information rapide pour décider rapidement, et des choses faciles à comprendre.
Je préciserai aussi que sur les données, il nous manque encore de la donnée de flux, celle qui décrit les mouvements de la population. Pour l’instant rien n’existe ou seulement des prémisses. Je pense que les téléphones mobiles permettront ça.
Quelle est votre perception de la géomatique en France par rapport aux autres pays (d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie, d’Afrique) ?
Dans presque tous les pays anglo-saxons, la donnée officielle, financée par le contribuable (recensement, MNT, … ) est gratuite ou coûte le prix du support. En France, pour les données du recensement, il faut compter 7 000 € pour la cartographie des Iris + 1 000 € de données références + un fichier REPLIC qui permet de faire du géocodage dans les Iris … Bref il faut 10 000 à 15 000 € pour démarrer. Aux États-Unis il vous faut juste un ordinateur et une liaison Internet … En Angleterre vous écrivez à quelqu’un et vous recevez un CD …
En Allemagne et dans les pays latins la donnée reste chère.
En France, globalement, les fournisseurs de données n’ont pas compris la politique de prix. Je pense qu’ils vont tous se faire déborder par OpenStreetMap avant de comprendre pourquoi.
La crise économique a-t-elle un impact sur vous ?
Avant c’était : « J’ai de l’argent, expliquez-moi comment maximiser mon profit ».
Maintenant c’est : « Aidez-moi à dépenser moins tout en maintenant mes rendements ».
Mais ceci compense à peu près cela, donc pour l’instant ça va.
Quel est votre avis, votre regard sur l’open-source ?
Très positif.
Il existe une difficulté pour y rentrer : il y a un savoir-faire à acquérir, et c’est long, c’est bouillonnant, c’est tentaculaire, on ne sait pas par quel bout le prendre… Cet aspect est assez pénible. Mais une fois que l’on est rentré dedans c’est passionnant.
Les reproches que l’on fait à l’open-source par rapport aux langages propriétaires ne sont pas justifiés : l’open-source assure plus de mise à jour, il est aussi stable que le propriétaire, à condition de choisir la bonne version et de tester soi même.
C’est extrêmement rentable d’utiliser du code ouvert. Nous n’avons nul besoin de facturer des droits à nos clients. Évidemment, nous facturons toujours notre valeur ajoutée, c’est-à-dire notre intelligence.
Un défaut tout de même cela bouge beaucoup et ce n’est pas reposant !
Nous utilisons PostgreSQL, PostGIS, Mapserver, OpenLayer, plus des modules que nous avons développés nous-mêmes pour faire de la sectorisation, des distanciers, des isochrones, …
Quel est votre avis, votre regard sur les globes virtuels (Google Earth, Virtual Earth, Nasa World Wind) ?
Je suis content que cela existe car cela a permis une sacrée remise en question.
En tant qu’utilisateur c’est génial : on a de la cartographie, de la photographie de bonne qualité, des fonctionnalités qui sont simples et efficaces. Même si les idées ne sont pas révolutionnaires, c’est excellent : une énorme puissance de serveur, un bon tuilage, de la bonne négociation commerciale. Ce n’est rien d’autre mais c’est beaucoup. Malgré tout, il ne faut pas être angélique devant de grosses sociétés comme Google qui sont très puissantes et qu’il faut regarder sans naïveté.
Cela a eu un effet extraordinaire sur la communauté des cartographes et des non-cartographes et c’est le plus important. Cela a permis de démocratiser la cartographie. Maintenant lorsque je parle de cartographie, je parle de Google Earth et pour les gens c’est clair.
Geocible ne propose quasiment plus de fond cartographique propriétaire. Ce serait dommage de se priver des fonds cartographiques mondiaux de Google, Yahoo, Map24,…. Au passage, Navteq et TeleAtlas qui avaient, eux aussi, une politique de tarification du vecteur à mon sens démesurée, ont du souci à se faire avec l’arrivée d’OpenStreetMap qui commence à prendre une vraie ampleur. Pour l’instant ce n’est que de l’anecdote, encore que, lorsque l’on regarde Paris par exemple, c’est complet. OpenStreetMap actuellement, c’est à peu près Géoroute il y a 6 ou 7 ans mais cela progresse très très vite.
Que diriez-vous à un jeune qui hésite/qui pense à faire des études de géomatique ?
C’est beau une carte, c’est magnifique, c’est passionnant ! On peut rêver sur une carte. On voyage sans bouger de sa chaise.
La géomatique n’est pas figée, les appareils évoluent, la couverture évolue et les besoins évoluent. C’est vraiment extra et puis il y a du boulot, il ne faut donc pas s’en priver.
Depuis combien de temps connaissez-vous GeoRezo, et comment êtes vous arrivé à le connaitre ?
J’ai du mal à répondre, il y a six ou sept ans peut-être ?
Qu’appréciez-vous le plus, qu’appréciez-vous le moins sur GeoRezo ?
L’esprit du site me va très bien. Sa francophonie également.
Je suis gêné pas les personnes qui posent des questions sans se donner la peine de chercher sur les forums avant, on devrait être plus directif avec eux, mais c’est propre aux forums en général et pas à GeoRezo.
J’ai du mal à me positionner sur certaines questions où je pourrais proposer une solution . Je ne réponds pas car, si je réponds, c’est assimilé à de la pub pour Geocible et je me fais déplacer ou taper sur les doigts par les modérateurs. Je pourrais répondre en privé mais je ne le fais pas non plus car ce n’est pas l’esprit forum. Je laisse donc l’internaute avec son besoin. Ce n’est pas satisfaisant, mais je n’ai pas de solution.
Quels services utilisez-vous sur GeoRezo (forums, Job/CV, Biblio, Agenda, Annuaire, Wiki, Blogs) ?
J’utilise beaucoup la banque des CV (excellente). Je dépose des annonces. Je me suis inscrit en tant que géoentreprise mais je pense que ce n’est pas à moi que c’est utile, mais plus à mes concurrents…
La zone « Appels d’offres » est très utile, quoique beaucoup moins en ce moment…
Que venez-vous chercher sur GeoRezo ?
Je fréquente plus souvent les forums de ForumSIG que ceux de GeoRezo, que je trouve moins techniques. Sur GeoRezo je viens essentiellement passer des annonces, lire les CV, lire l’événementiel de la geomatique.
Que pensez-vous de GeoRezo ? Lâchez-vous !
J’ai une vision positive de GeoRezo et des gens qui l’animent. Ils ont tout mon respect car ils y passent pas mal de temps. Il y a de réels services : CV, Agenda, … Un vrai boulot de pro !
Je reproche à GeoRezo de ne pas être assez militant. Je pense que GeoRezo devrait chercher à influer et pas seulement à reporter. Il a un certain poids de communication et pourrait faire du lobbying, par exemple dire que les données de l’IGN, de l’INSEE, … sont trop chères, inciter d’avantage les internautes à participer au projet OpenStreetMap, …
Bref, je trouve que GeoRezo devrait être plus présent au sens « irrévérencieux », pour faire bouger les choses. Je vois passer des avis dans les messages, mais je ne connais pas la position de GeoRezo. D’ailleurs, GeoRezo a t-il un avis ? Ou bien est-il obligatoirement neutre ?
Quelle question aimeriez-vous poser à GeoRezo ?
1 – Qui êtes-vous ? J’ai croisé quelques-uns des modérateurs mais globalement je ne sais pas qui vous êtes.
2 – Voulez-vous influer sur le cours de la cartographie ?
Quelle question souhaitez-vous que GeoRezo vous pose ? … et quelle est votre réponse à cette question
Pourquoi aimez-vous les cartes ?
Parce que c’est beau et qu’elles font rêver
Olivier, merci !!
Propos recueillis par l’équipe du GeoRezo
Hello, Étonné par la remarque sur un GeoRezo pas assez
RobinHello,
Étonné par la remarque sur un GeoRezo pas assez technique, car c’est ce qu’on nous reproche la plupart du temps (trop technique) ! Peut être que ça dépend du domaine ? Sinon, je réalise que notre équipe ne fait pas assez de bruit autour de notre activité de fond…car oui, GeoRezo (l’assoc) s’active en coulisse sans qu’on ne la remarque… J’espère que notre blog « La Minute » permettra de montrer un peu mieux ce que l’on fait et montrera que nous ne sommes pas inactifs !
Bonjour Robin, Ca dépend clairement du domaine, vous avez raison. En particulier,
OlivierBonjour Robin,
Ca dépend clairement du domaine, vous avez raison.
En particulier, les questions et réponses au niveau du forum geomarketing ne sont pas assez techniques ou enthousiasmantes à mon sens.
Les messages typiques :
un étudiant qui demande ce qu’est une zone de chalandise, voire si on peut la lui construire car il doit rendre son TD demain.
Un curieux qui demande quel est le meilleur outil geomarketing (comme s’il en existait dans l’absolu)…
Par ailleurs, les thèmes novateurs tels que les données de déplacement, l’opensource, le webmapping sont laissés de côté ou traités superficiellement.
Je ne suis pas certain qu’il y ait actuellement de quoi faire vivre pleinement un forum de bon niveau dédié au geomarketing. Cela viendra sans doute.
A propos de votre remarque « GeoRezo » s’active en coulisse ». Voilà qui est sacrément réjouissant ! Faites-le savoir ! Les utilisateurs seront heureux d’en savoir plus pour mieux vous soutenir !
Bien à vous,
Olivier Lamy
Olivier a dit : “GeoRezo” s’active en coulisse”.
Jean-MichelOlivier a dit : “GeoRezo” s’active en coulisse”. Voilà qui est sacrément réjouissant ! Faites-le savoir ! Les utilisateurs seront heureux d’en savoir plus pour mieux vous soutenir ! »
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